a) Évolution annuelle du trait de côte
À partir des observations du trait de côte, la plage des Hattes peut être séparée en trois secteurs (illustration ci-dessous) :
– le secteur « est », situé entre le village de Simili et la frontière du banc de vase, elle-même localisée à environ 200 m à l’est du centre d’Awala depuis 2017 ;
– le secteur « centre », situé en face des carbets communaux, entre la limite du banc de vase intertidal et le banc de sable intertidal, ;
– le secteur « ouest » situé au niveau de la pointe Vigie dans l’estuaire du Maroni.
Hormis sur le secteur « est », le trait de côte de la plage des Hattes recule. En effet, le secteur « est », présente une avancée de la position de son trait de côte (+30 m entre octobre 2018 et novembre 2019 encart 1 ), qui se traduit par le développement de la végétation ainsi qu’une avancée de la berme.
Sur la même période, les secteurs « centre » et « ouest » enregistrent un recul de la position du trait de côte : respectivement -20 m face aux carbets communaux (encart 2) et -10 m au niveau de la pointe Vigie (encart 2).

Évolution annuelle de la position du trait de côte sur la plage des Hattes sur la commune d’Awala-Yalimapo, entre octobre 2018 et novembre 2019
b) Déplacements sédimentaires saisonniers et annuels
Le profil A3, situé à l’ouest de la plage des Hattes, recoupe le banc de sable intertidal et fluctue entre accrétion et érosion en fonction du flot, du jusant et du débit du Maroni. La partie aérienne du secteur a enregistré une accrétion entre octobre 2018 et avril 2019, puis une érosion entre avril et novembre 2019. Le profil topographique est donc resté stable sur l’année.
En revanche, le profil A2, situé au centre du secteur d’étude, enregistre une évolution inverse à celui de A3. Entre octobre 2018 et avril 2019, l’estran du profil connait un abaissement d’environ -90 cm (érosion). Entre avril et novembre 2019 le profil reprend sa position d’octobre 2018 (accrétion). Le proche côtier du secteur s’engraisse, entre octobre 2018 et novembre 2019, traduisant un envasement/ensablement sur l’ensemble du profil avec des valeurs allant de +60 cm au large à +20 cm dans la partie proximale .
L’évolution de la partie est du site au niveau du profil A1 est caractérisée par une progression importante de la mangrove. Ce développement massif de végétation a restreint la zone d’acquisition topographique et bathymétrique sur l’année 2019 et donc les observations. En 2019, la partie la plus au large du profil bathymétrique demeure stable montrant ainsi la fixation du banc de vase.
c) Les phénomènes de submersion marine en 2019.
La plage des Hattes a connu plusieurs phénomènes d’érosion et de submersion marines au cours de l’année 2019. Les plus importants ont contraint la mairie a déclenché une expertise dans le cadre de la tranche conditionnelle de l’observatoire. C’est le cas pour les coups de mer de fin février/début mars 2019 (Longueville et al., 2019a) et ceux d’octobre 2019 (Longueville et al., 2019b). Ces deux épisodes résultent de houles cycloniques d’une hauteur significative au large d’environ 2,5 m, de direction nord, avec une forte période, (15 s en octobre et 13 s en mars). Leur arrivée sur la côte a entraîné des phénomènes de submersion par paquets de mer, jusqu’à 80 m dans les terres (notamment ceux d’octobre 2019) inondant la route et engendrant des dégâts sur le système électrique communal . D’un point de vue morphologique suite au coup de mer d’octobre, le trait de côte a reculé d’environ 20 m sur le secteur central.

Limite de la laisse de mer suite à la submersion du 28 octobre 2019
d) Bilan volumique de la plage 2018-2019
Suite à de nouveaux phénomènes de submersion marine en novembre 2019, un levé drone photogrammétrique a été réalisé sur la plage d’Awala-Yalimapo. Grâce aux orthophotographies produites il a été possible de cartographier de façon continue les différentes laisses de mer. La comparaison des données topographiques restituées avec celles du levé photogrammétrique d’octobre 2018 réalisé dans le cadre de la thèse de M. Jolivet (Jolivet en prep), a permis de calculer un bilan volumique du haut de l’estran sur l’année 2018.
L’analyse du différentiel altimétrique des deux MNT permet de quantifier une inversion de la dérive littorale. Ainsi, le secteur « est » est en accrétion (+1,5 m) et la partie centrale de la plage, non protégée par le banc de vase, est au contraire en érosion (-1,3 m) sur la partie haute de l’estran. Sur la partie ouest du secteur, le déplacement spatial de 80 m vers l’ouest de la base du banc sableux intertidal est responsable d’une accrétion au droit de ce dernier et d’une érosion au droit de sa position antérieure.
D’un point de vue volumétrique, le bilan à l’échelle de la plage montre une érosion généralisée d’environ 4 200 m3 (+/- 161 m3) entre octobre 2018 et novembre 2019. Cette perte de sédiment se concentre essentiellement au droit du bourg. Les deux extrémités de la plage sont en accrétion : l’une alimentée par l’apport en sédiment du fleuve Maroni à l’ouest et l’autre alimentée par l’inversion de la dérive littorale à l’est au front du banc de vase.