L’aléa est considéré comme un événement d’origine naturelle ou humaine potentiellement dangereux dont on essaie d’estimer l’intensité et la probabilité d’occurrence par l’étude des périodes de retour ou des prédispositions du site (Garry et al., 1997). Les aléas littoraux connus sur nos côtes sont l’érosion et la submersion marine. Dans un contexte de pénurie sédimentaire ondiale et en lien avec le changement climatique entraînant une hausse du niveau moyen des mers, les aléas ont tendances à s’intensifier.
Les enjeux représentent la valeur humaine, économique ou environnementale des éléments exposés à l’aléa (Garry et al., 1997). Plus prosaïquement, ils constituent ce que l’on risque de perdre (D’Ercole and Metzger, 2011) et rassemblent par conséquent à la fois les biens et les personnes. Les enjeux sociétaux actuels sont d’autant plus vulnérables dû à la croissance de l’urbanisation ou encore la forte artificialisation du rivage.
Le risque résulte de la combinaison d’un (ou de plusieurs) aléa·s d’un niveau donné (intensité) avec les enjeux.
Les risques doivent être considérés en tenant compte des enjeux locaux et du degré de vulnérabilité du territoire. Celle-ci résulte de la combinaison de tous ces facteurs, les aléas, les enjeux qui y sont exposés, les pratiques de gestion mises en œuvre (ou pas) pour revenir et traiter les risques ainsi produits, et les représentations que s’en font les usagers et les gestionnaires des sites concernés (Meur-Ferec et al., 2013).
La vulnérabilité systémique à un moment T (source : modifié d’après Meur-Ferec et al., 2008)
Les aléas “érosions” et “submersions marines”, qui sont à l’origine des dommages sur la côte se caractérisent par les critères suivants :
L’érosion : L’érosion côtière est définie comme une perte de matériau vers la mer touchant tous les types de littoraux, qu’ils soient sableux, vaseux ou rocheux. Ce phénomène naturel résulte de l’action :
Il est aggravé en cas de déficit d’apport des cours d’eau en sédiments. L’érosion côtière masque souvent un transfert de sédiments qui se déplacent depuis une plage vers une autre (plages en accrétion), vers le large (pertes sédimentaires) ou vers la terre (dépôts de tempêtes).
Cette érosion est mesurée par un constat de terrain, mais correspond bien à une tendance évolutive de long terme. Pour connaître l’évolution, il s’agit de mener une étude diachronique de la position du trait de côte et d’analyser le bilan sédimentaire, adaptée au milieu que l’on étudie.
La submersion marine : La caractérisation de l’aléa « submersion marine » est réalisable à partir d’une analyse historique des inondations littorales, d’une analyse fréquentielle des paramètres océaniques (niveaux marins) et éventuellement d’une modélisation numérique.
Une submersion marine désigne une inondation temporaire de la zone côtière par la mer dans des conditions météorologiques extrêmes. C’est un envahissement temporaire, souvent brutal, et ennoiement d’un domaine littoral continental par la mer. Les submersions marines peuvent durer de quelques heures à quelques jours. Il s’agit d’un phénomène naturel principalement lié aux condtions de marée, aux états de mer, aux vents et à la pression atmosphérique. En général, ces surélévations temporaires du niveau de la mer apparaissent lors des tempêtes, cyclones ou tsunamis.
Il existe 3 différents modes de submersion marine répertoriés :
Lors d’une submersion marine, le niveau du plan d’eau s’élève de part la surcote atmosphérique, de la surcote des vagues et de la marée. Le niveau instantané du plan d’eau dépendra du jet de rive : on appelle « run-up » la côte maximale atteinte par la mer au-dessus d’un niveau de référence.
En Guyane, la côte étant très plate, le risque de submersion est élevé pour les zones situées en inter-banc. De plus, l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols (routes, bâtiments…) empêche l’eau de s’infiltrer et donc d’évacuer correctement les eaux.
Il existe des facteurs « aggravants » accentuant les aléas côtiers :
Les enjeux représentent les valeurs humaines, économique ou environnementale des éléments exposés à l’aléa. D’après Ercole et Metzger (2011) c’est « ce que l’on risque de perdre ».
L’identification et la hiérarchisation des enjeux repose sur l’analyse de leur vulnérabilité, au sein de laquelle on peut distinguer :
L’évaluation des vulnérabilités doit se faire à un niveau local, car chaque enjeu doit être contextualisé face aux aléas lui correspondant et la perception des individus qui se l’approprie. L’évaluation des enjeux doit permettre de mieux connaître le territoire pour faire face notamment aux conséquences du changement climatique sur le littoral guyanais.
L’enjeu humain est un enjeu de protection de la vie humaine.
C’est un enjeu clé car il est considéré comme inadmissible. Il peut être décrit par les chiffres de population, la densité ou encore selon des facteurs de vulnérabilité (âges, mobilité…). C’est un enjeu difficile à estimer car mobile.
Actuellement c’est 90 % de la population qui habite et travaille dur la frange littorale.
Les activités économiques représentent les zones d’activités, d’emploi, mais également les activités agricoles. Un intérêt tout particulier peut être porté aux activités à “risques” (pollution) ou celles susceptibles d’être mobilisées en période de crise. Il s’agit d’enjeux de protection des biens, dans lesquels il faut identifier la nature du terrain, le nombre d’employées, la fréquentation…
La Guyane est dotée d’un certain nombre de pôles d’activités sur le littoral : le Centre Spatial Guyanais, les activités de pêche, anciennement les rizières de Mana ou encore toutes les activités de loisirs présentent en bord de mer (restaurants, sports nautiques…)
Les zonages et dispositifs de protection et de réglementation servent à l’évaluation des enjeux “milieux naturels”. Il s’agit dans ces milieux de guider les choix des stratégies de prévention et d’intervention. C’est donc un enjeu de protection de l’environnement.
Les côtes de Guyane sont notamment connues pour accueillir chaque année les tortues, dont les emblématiques tortues luths, qui viennent pondre sur les plages sableuses. La préservation de cet écosystème naturel est donc un important enjeu local.
En général, on comptabilise et identifie la fonction des bâtiments. Il s’agit également d’évaluer la valeur immobilière et la vulnérabilité des lieux (nombre d’étages, année de construction…).
Pour connaître les infrastructures susceptibles d’être en zone « risque Littoral », il est nécessaire de consulter les Plans de Prévention des risques Littoraux (PPRL) des communes. (liens vers géoguyane).
Les établissements recevant du public par exemple, font l’objet de cette catégorie. Il s’agit de recenser et de décrire dans ce cas-là et de façon détaillée les fonctions, la capacité d’accueil, les facteurs de vulnérabilité, la présence de produits dangereux…
En Guyane, on recense des écoles, des ERP (établissements recevant du public : hôtels, restaurants…) ou encore des activités économiques qui se situent sur la frange littorale et font partie des enjeux en lien avec le littoral.
Tel que les monuments historiques ou sites archéologiques, le patrimoine culturel fait état d’une catégorie d’enjeu particulier, dans ce sens, qu’ils peuvent permettre de prévenir d’éventuelles mesures conservatoires. On recense dans ce cadre la nature, la valeur patrimoniale ou encore le statut de protection de ces enjeux qui correspondent à une protection des biens.
De nombreux vestiges amérindiens, se trouvent sur les barres pré-littorales. Propre à la Guyane, la préservation de la culture amérindienne est un enjeu sans précédent, dont l’adaptation historique aux phénomènes littoraux est source d’inspiration.
Parmi les réseaux les mieux recensés dans les enjeux du territoire, on retrouve les voies de communication, en tant que structure essentielle à la gestion de crise (acheminement des secours, évacuation de la population…). Ce sont également les réseaux d’énergie, de télécommunication ou d’eau qui sont recensés. Ainsi les points sensibles peuvent être surveillés en période de gestion de crise.
Lorsque l’on évoque les équipements stratégiques il s’agit de faire référence aux fonctions opérationnelles de la gestion de crise (gendarmerie, préfecture, mairies…). Cet enjeu recense notamment les équipements situés hors des zones exposées au risque, afin de planifier la gestion de crise (matériel disponible, capacité d’accueil, coordonnées des responsables…).
Renseignez-vous sur l’existence d’un DICRIM (Document d’Information Communal sur les RIsques naturels Majeurs) pour connaître les procédures à suivre en cas de crise littoral.