Observatoire de la Dynamique Côtière de Guyane

Dynamique des bancs de vase

Bancs de vase et dynamique côtière guyanaise

Qu’est-ce qu’un banc de vase ?

Les bancs de vase sont d’immenses masses sédimentaires meubles composées principalement de particules fines (argiles et limons).
En Guyane, ils jouent un rôle central dans la morphologie du littoral : leur arrivée protège temporairement la côte en amortissant la houle, tandis que leur retrait expose les rivages à une érosion parfois rapide.

Chiffre clé : un banc de vase peut mesurer jusqu’à 60 km de long, 30 km de large et 5 m d’épaisseur.

Banc de vase au large d’Awala-Yalimapo (ODyC, 2022)

Origine : le panache sédimentaire de l’Amazone

Les bancs de vase guyanais proviennent des sédiments charriés par l’Amazone, qui rejette en mer environ 1,2 milliard de tonnes de matériaux par an.
Ces sédiments dérivent ensuite vers le nord-ouest, jusqu’à l’Orénoque, portés par les courants côtiers et la dérive littorale.

Schéma de formation des cheniers (M.Moisan, 2011 ; d’après J.H. HOYT, 1969)

Migration et cycle

Les bancs de vase ne sont pas fixes : ils se déplacent le long de la côte guyanaise à une vitesse moyenne de 2 à 3 km par an.
Ce mouvement entraîne une alternance :

  • Phase d’accrétion : la côte avance, la mangrove se développe.

  • Phase d’érosion : la côte recule parfois de plusieurs dizaines de mètres par an.

Banc de vase sur la presqu'île de Cayenne, 2023

Effets sur les écosystèmes et les activités

  • Protection : lorsque le banc est proche, il réduit la hauteur de la houle et favorise l’installation de mangroves.

  • Exposition : lors de son départ, la côte subit une érosion accélérée.

  • Navigation : les bancs peuvent gêner l’accès aux ports et aux zones de pêche.

Mangroves sur de la vase, 2023

Tendances récentes et enjeux futurs

Les observations des 20 dernières années montrent :

  • une variabilité accrue des vitesses de migration

  • des phases érosives parfois plus intenses, possiblement liées à l’élévation du niveau marin et aux changements dans la houle.

À l’horizon 2050–2100, la combinaison du recul du trait de côte et de la montée des eaux pourrait accentuer la vulnérabilité des zones littorales guyanaises.

Source :
BRGM & Météo-France (2022) – Étude GuyaClimat
Gardel et al. (2019) – Dynamique des bancs de vase
AUDeG (2025) – Données sur l’érosion et la vulnérabilité
BRGM (2025) – Bilans côtiers
DGTM Guyane, PPRil en cours