Le littoral guyanais est aujourd’hui l’un des plus instables au monde. Sa vulnérabilité naturelle, liée à la migration des bancs de vase issus du panache de l’Amazone, est amplifiée par les effets du changement climatique global : élévation du niveau marin, intensification de l’érosion, recrudescence des submersions et déstabilisation des écosystèmes littoraux.
Dans ce contexte, 54 % de la population guyanaise vit en zone littorale, ce qui rend urgent l’adaptation des territoires à ces mutations profondes.
Urbanisation de la CACL en 1950 et en 2021. (AUDeG 2025)
Des effets déjà mesurables
Depuis les années 1980, le niveau moyen de la mer s’est élevé de 2,5 à 3,2 mm par an en Guyane (BRGM, 2025). Ce phénomène, qui n’est pas nouveau, entraîne une montée progressive des eaux, mais aussi une augmentation de la fréquence des submersions temporaires lors des marées et événements extrêmes.
« D’ici 2100, le niveau marin pourrait s’élever de 54 à 84 cm en Guyane, selon les scénarios du GIEC. »
— Étude GuyaClimat, BRGM & Météo-France, 2022
Les conséquences sont visibles : entre 2017 et 2024, 1 km de littoral a disparu à Macouria, et 150 mètres de plage à Awala-Yalimapo en seulement trois ans. À Rémire-Montjoly, plusieurs habitations, piscines et entreprises ont été endommagées ou détruites par les dynamiques côtières.
Une urbanisation en tension
Le littoral est un espace convoité, mais fragile. L’urbanisation rapide, parfois non anticipée, s’est développée sur des zones sensibles : cordons sableux, mangroves, zones basses et humides. Ces implantations accroissent la vulnérabilité des biens et des personnes aux aléas climatiques.
Des ouvrages de protection, souvent coûteux et provisoires, ont été installés par des riverains. À Rémire-Montjoly, plus de 1,4 million d’euros ont été dépensés par les particuliers pour tenter de se protéger… sans résultats durables.
« L’érosion ne s’arrête pas aux limites de l’ouvrage : elle se déplace, s’intensifie, ou se réorganise ailleurs. »
— AUDeG, 2025
Anticiper et s’adapter
Face à ces constats, des outils prospectifs sont mis en place. Le projet de révision des PPRil (Plans de Prévention des Risques littoraux) à Rémire-Montjoly et Cayenne intègre des cartes de recul du trait de côte à 30 et 100 ans.
Selon les projections de l’étude GuyaClimat :
En 2050, jusqu’à 984 logements pourraient être touchés par des submersions chroniques à Cayenne.
En 2100, ce chiffre pourrait atteindre 3019 logements (scénario intermédiaire SSP2-4.5) et 4969 dans le scénario haut (SSP5-8.5).
Repenser l’aménagement du littoral
Le changement climatique impose une recomposition territoriale profonde : relocalisation, préservation des zones tampons, solutions fondées sur la nature, adaptation du foncier… Ces choix sont complexes, mais incontournables.
« Il ne s’agit plus seulement de réparer, mais de repenser l’occupation de l’espace littoral pour les générations futures. » (AUDeG, 2025)
Source :
BRGM & Météo-France (2022) – Étude GuyaClimat
Gardel et al. (2019) – Dynamique des bancs de vase
AUDeG (2025) – Données sur l’érosion et la vulnérabilité
BRGM (2025) – Bilans côtiers
DGTM Guyane, PPRil en cours