Suivi 2019

4 sites suivis

Cayenne (anses de Montabo, Rémire et Montjoly), Kourou (plages de la Cocoteraie et des Roches), Awala-Yalimapo (plage de Hattes) et Macouria.

01.

Les plages de l’Île de Cayenne

Les plages de la presqu’île de Cayenne suivies dans le cadre de l’ODyC regroupent 4 grandes unités :
L’anse de Rémire, située à l’extrémité est dans l’embouchure du Mahury est longue d’environ 3 km. Cette anse est la plus urbanisée avec des ouvrages de défense en enrochements qui protègent les enjeux situés sur la plage ainsi que des boudins en géotextile de type Stabiplage© pour la protection de la route située en arrière ;
L’anse de Montjoly située entre deux promontoires rocheux : le Mont Ravel et le Mont Bourda, constitue la plus grande plage sableuse de la presqu’île de Cayenne longue d’environ 3,6 km. Des ouvrages de protection Stabiplage© (boudins géotextiles) ont été installées sur la plage en décembre 2017. Depuis un suivi particulier de ces ouvrages est mené dans le cadre de l’ODyC ;
L’anse de Montabo, longue d’environ 1,5 km est une plage de poche délimitée par le Mont Bourda à l’est et le Mont Montabo à l’ouest ;
Les petites anses de Cayenne, séparées entre elles par des promontoires rocheux, sont au nombre de 4 : Chaton, Nadau, Méret et Hôpital. Ces plages, longues d’en moyenne 500 m, sont très urbanisées et présentent un faible cordon sableux.

L’anse de Montabo

L’anse de Montabo, longue d’environ 1,5 km est une plage de poche délimitée par le Mont Bourda à l’est et le Mont Montabo à l’ouest.

Comme pour les autres anses le trait de côte de l’anse de Montabo a évolué de façon similaire avec un recul de la position du trait de côte à l’extrémité sud et une avancée à l’extrémité nord. Il est à noter que les variations sont moindres avec un recul de 1,5 m proche du Mont Bourda  et une avancée d’environ 8 m à l’autre extrémité proche du Mont Montabo.

Illustration : Évolution annuelle de la position du trait de côte de l’anse de Montabo entre octobre 2018 et novembre 2019.

L’anse de Montabo présente une alternance de zones en avancée et en recul du trait de côte contrôlée par la dérive littorale (illustration). L’extrémité sud-est de l’anse enregistre un recul de -10 m (encart 4). En remontant vers le nord-ouest, le trait de côte alterne entre avancée et recul, les valeurs oscillent autour de 3 m.

D’un point de vue topographique, mise à part le profil central C2 qui est resté stable les profils situés aux extrémités se sont érodés entre avril 2019 et novembre 2019, avec un recul du talus d’érosion de -10 m pour le profil situé au pied de Mont Bourda et un abaissement d’environ -1 m au pied du Mont Montabo.
Contrairement aux autres anses, le haut de plage c’est érodé préférentiellement entre avril 2019 et novembre 2019, en dehors de la saison des pluies. Cette observation est à mettre en lien direct avec les phénomènes de houles très énergétiques qui ont touché le littoral en octobre 2019.
D’un point de vue bathymétrique, contrairement aux profils des autres anses les profils sont restés quasiment subhorizontaux avec néanmoins la formation d’un bourrelet vaseux au niveau du bas.

L’anse de Montjoly

Présentation : l’anse de Montjoly située entre deux promontoires rocheux : le Mont Ravel et le Mont Bourda, constitue la plus grande plage sableuse de la presqu’île de Cayenne longue d’environ 3,6 km. Des ouvrages de protection Stabiplage© (boudins géotextiles) ont été installées sur la plage en décembre 2017. Depuis un suivi particulier de ces ouvrages est mené dans le cadre de l’ODyC.

Évolution en 2019 : Entre octobre 2018 et novembre 2019, les trois indicateurs de suivi, montrent que le trait de côte sur l’anse de Montjoly, présente une alternance entre recul et avancée. Ainsi, au niveau des extrémités de la plage, le trait de côte a reculé. Un recul de -17 m est enregistré côté Mont Bourda et de -10 m côté Mont Ravel (encart 1 et 3 de l’Illustration).
La partie centrale située entre l’exutoire des Salines et les ouvrages Stabiplage© enregistre une avancée du trait de côte atteignant +27 m à l’est des boudins en géotextile. À l’ouest des Stabiplage©, en aval de la dérive, le trait de côte est resté stable voir a reculé de quelques mètres, jusqu’à l’exutoire des Salines (encart 2 et 3 de l’Illustration ci dessous). Au niveau de l’exutoire, le trait de côte a reculé d’environ -25 m du fait de la mobilité du prisme d’accrétion et du déplacement vers l’ouest de l’embouchure (encart 1 de l’Illustration ci dessous).

Illustration : Évolution annuelle de la position du trait de côte au sein de l’anse des Salines entre octobre 2018 et novembre 2019.

L’analyse des profils topo-bathymétriques, montre que l’anse de Montjoly continue de s’envaser sur le bas de plage avec une diminution de -80 cm de la bathymétrie vers le Mont Ravel à -1,5 m en direction du Mont Bourda  entre octobre 2018 et novembre 2019. On constate un abaissement de la plage et de l’estran, entre octobre 2018 et avril 2019 puis une stabilité entre avril 2019 et novembre 2019. Les mouvements topographiques semblent donc se dérouler essentiellement lors de la saison des pluies.

Les reculs du trait de côte observés aux extrémités de la plage (C9 et C4) sont associés à de l’érosion du bas de plage (-1.60 m sur C9 et -1,4 m sur C4) entre octobre 2018 et avril 2019. Les levés bathymétriques sur ces deux profils montrent la formation d’un replat vaseux (ou bourrelet vaseux), entre la côte et 650 m de distance à la côte pour le profil C4 et la côte et 250 m pour le profil C9. La bathymétrie au large, au-delà du bourrelet vaseux, présente peu d’évolutions entre octobre 2018 et novembre 2019.

Les profils C7, CStab et C8, sont sujets à une accrétion de la plage. Le maximum est atteint (+40 cm) juste avant et au niveau des ouvrages Stabiplage© respectivement le long du profil C7 et Cstab. De manière similaire à C4 et C9, un bourrelet vaseux s’est formé complexifiant la navigation pour la partie proximale de la plage. Toutefois les levés bathymétriques au large montrent une augmentation de la pente du profil entre octobre 2018 et novembre 2019. Initialement subhorizontaux, l’ensemble des profils de C6 à C8 présente en novembre 2019 une pente d’environ 0,2 %.

Le profil C5 connait une évolution morphologique particulière en raison de sa proximité avec l’exutoire des Salines. L’embouchure se déplace vers l’ouest sous l’action de la dérive littorale qui contraint l’écoulement de la crique. Ainsi le haut de plage a connu un recul d’environ -20 m et un abaissement d’un mètre de sa topographie.

Suivi de l’aménagement des boudins géotextiles (Stabiplages) : En décembre 2017, 5 boudins en géotextile (4 perpendiculaires au trait de côte et 2 parallèles en butée de pied du cordon sableux) ont été posés entre le restaurant l’Oasis et l’Avenue Sainte Rita par la société Stabiplage. Ces ouvrages, financés par la mairie et les riverains, ont été construits dans le but de lutter contre les phénomènes d’érosion enregistrés en 2014 et 2015. En parallèle, en février 2019, le Conservatoire du Littoral propriétaire des Salines a procédé à la destruction d’une maison installée dans son périmètre, avec retrait des gravats et de l’enrochement situé sur le front de mer. Afin de suivre l’évolution du littoral au droit de la maison, l’emprise du levé drone, qui se focalisait initialement sur l’aménagement Stabiplage© a été étendu plus à l’ouest par rapport au levé de 2018.

Illustration : Carte représentant les différences altimétriques des MNT réalisés en septembre 2018 et en septembre 2019.

Le dernier levé a été réalisé en septembre 2019. La comparaison du MNT (modèle numérique de terrain), réalisé en 2018 avec celui de 2019, indique une accrétion en amont de la dérive (entre +50 cm et +1 m) et une érosion en aval. Cette dernière se traduit par des pertes de sédiments correspondant à un abaissement de la topographie de l’ordre de -20 cm à -1 m au pied des enrochements de l’Oasis club.

Les boudins en géotextile remplissent actuellement leur rôle en ralentissant le transit sédimentaire sableux d’est en ouest et en favorisant l’accrétion en droit de l’ouvrage et en amont de la dérive. En revanche, ce fonctionnement a pour effet une diminution importante de l’alimentation naturelle en sable de la plage située en aval dérive, entrainant son érosion (profil C6). En ce qui concerne les volumes, les calculs à partir des MNT quantifient un départ de sable d’environ -3700 m3 dans la zone aval dérive en érosion, et une accrétion d’environ +2640 m3 dans la zone en amont dérive à l’est des ouvrages. Le bilan global, soit -1049 m3, est donc à l’érosion sur cette portion de plage. Cette observation est locale et n’est pas représentative du comportement global du secteur. Les profils situés plus à l’est, proches du Mont Ravel, montrent de forts reculs sur la même période. Le sable proviendrait donc de l’érosion de la partie est et serait piégé par les ouvrages en géotextile entrainant l’accrétion locale. Néanmoins pour conclure sur une accrétion ou une érosion globale, il serait nécessaire de faire le suivi à l’échelle de la cellule hydrosédimentaire, à savoir entre le Mont Ravel et le Mont Bourda.

L’anse de Rémire

Présentation : l’anse de Rémire, située à l’extrémité est dans l’embouchure du Mahury est longue d’environ 3 km. Cette anse est la plus urbanisée avec des ouvrages de défense en enrochements qui protègent les enjeux situés sur la plage ainsi que des boudins en géotextile de type Stabiplage© pour la protection de la route située en arrière

Évolution en 2019: la plage de Rémire peut être décomposée en deux sous-secteurs caractérisés par un changement d’orientation de la côte :
– le premier secteur orienté nord/sud s’étend de l’auberge des plages à l’extrémité est de la plage. Ce secteur, très urbanisé, a connu peu d’évolution entre 2018 et 2019, mise à part un recul très localisé d’environ -2 m à l’extrémité nord du secteur (encart 1 de l’Illustration) ;
– le second secteur, situé entre la plage de Gosselin jusqu’au niveau de l’auberge des plages est orienté est/ouest. Il est possible de séparer ce secteur en deux sous-cellules délimitées chacune soit par des affleurements rocheux, comme c’est le cas pour la plage de Gosselin (encart 3 de l’Illustration), soit par un promontoire rocheux et un enrochement (encart 2 de l’Illustration). Sur la première, le trait de côte a avancé de 10 m et sur la seconde le trait de côte a avancé de 7 m. Ces avancées sont générées par le déplacement du sable sous l’action de la dérive littorale d’est en ouest. Les enrochements par leur nature bloquent le transit sédimentaire sur l’ensemble de la plage de Rémire, ainsi à l’ouest des enrochements de l’encart 2, le trait de côte a reculé d’environ -7 m (encart 2 de l’Illustration).

Illustration : Évolution annuelle du trait de côte au niveau de l’anse de Rémire entre octobre 2018 et octobre 2019.

Sur le premier secteur les profils topographiques C10 et C11 sont très urbanisés avec la fixation du trait de côte par les ouvrages de protections, permettant une évolution uniquement au niveau de l’estran. Ces zones connaissent une faible évolution entre 2018 et 2019, avec une légère accrétion au niveau du profil topographique C11 traduisant un envasement de l’estran.
Entre octobre 2018 et novembre 2019, la bathymétrie du secteur a changé radicalement de morphologie. Avant octobre 2018, le proche côtier était homogène avec un profil subhorizontal, caractéristique des milieux dissipatifs. Entre octobre 2018 et 2019, une barre vaseuse pré-littorale s’est formée entre 300 et 400 m de la côte. Cette barre vaseuse large d’environ 200 m s’accompagne d’un changement de pente vers le large. Ainsi sur le profil C11, la partie subtidale du profil peut être décomposée en trois zones :
– une zone horizontale à subhorizontale, située à 400 m de la position du trait de côte, étant considérée comme une zone dissipative ;
– une barre vaseuse, large de 200 m et centrée à environ 500 m de la position du haut de plage ;
– une zone au large (zone offshore) présentant une pente d’environ 0,2%, étant donc plus réflective que la première zone.

La formation de la barre vaseuse apparait également sur le profil C10, mais de manière moins marquée et plus étalée. Les barres pré-littorales se forment sous l’action des houles incidentes. Cette différence entre les deux profils est à mettre en relation directe avec l’orientation de la côte et des profils. Le profil C10, orienté est/ouest perpendiculairement à la côte, engendrerait une barre pré-littorale plus large (environ 300 m) sous l’action des houles du nord-est, qui viennent de manière frontale sur les autres profils.

Cette barre vaseuse peu profonde et continue sur l’ensemble de l’anse, est assez difficile à cartographier, pour des raisons de sécurité lors de la navigation. Ainsi il n’a pas été possible de le faire pour les profils C12 et C13. Néanmoins, les profils topo bathymétriques C12 et C13, enregistrent un envasement sur la partie proximale à la côte avec une élévation de 1 m traduisant la présence de la barre. De même que pour le profil C11, un changement radical de la pente au large est observée avec un profil qui était subhorizontal avant 2018 passant à un profil présentant une pente de 0,2 % entre 2018 et 2019. Sur ce secteur de la plage, le haut de plage est moins urbanisé laissant à la plage un degré de liberté entre le haut de plage, l’estran et le proche côtier. Ainsi, les profils C12 et C13 situé en amont de la dérive littorale présentent un abaissement respectivement de 0,5 m et de 1 m du haut de plage entre octobre 2018 et avril 2019. Entre avril 2019 et octobre 2019, les profils sont restés stables.

Présentation :

Les petites anses de Cayenne sont orientées est/ouest. Elles sont au nombre de 4, nommé d’est vers l’ouest : anse Chaton, anse Méret, anse Nadeau et anse Hôpital. Elles sont séparées par différents promontoires rocheux. Petites et très urbanisés, elles présentent une faible proportion de sédiment sableux. Pour suivre leur évolution et notamment le proche côtier, un suivi par photogrammétrie à partir d’image drone a été mis en place depuis 2017, afin de réaliser des Modèles Numériques de Surfaces et des Modèles Numériques de Terrain.

Évolution en 2019 :

La différence altimétrique entre les modèles numériques de terrain de septembre 2018 et septembre 2019, permet de mettre en évidence l’envasement continu des anses de Cayenne. L’analyse des orthophotographies et des profils extraits des MNT, permet d’observer une linéarisation globale de la limite vase-sable, et un recul de celle-ci d’environ -12 m sur les parties ouest et -6 m sur les secteurs est des anses. Le recul des parties sableuses se traduit par une érosion graduelle du profil de plage avec des affaissements d’environ -10 cm de la topographie du bas de plage et pouvant aller jusqu’à -1,20 m sur le haut de plage. La forte urbanisation (enrochements, digues) et la présence des promontoires rocheux constituent des points de fixations du sable entre lesquels le sable transite.

D’un point de vue volumétrique, l’envasement a été quantifié. Les données collectées (regroupant la partie vas et sable) montrent que le secteur est en accrétion.

 

02.

Les plages de Kourou

A Kourou, trois secteurs littoraux se distinguent : la plage de l’hôtel des Roches, la plage de la Cocoteraie et la plage du CSG (Centre Spatial Guyanais). Six profils permettent de suivre l’ensemble du littoral.

Illustration  : Positionnement des différents profils suivis (en rouge) dans le cadre de l’Observatoire de la dynamique côtière ainsi que des ouvrages de défense existants (en jaune) sur le secteur de Kourou.

Évolution générale 2019 :

Entre octobre 2018 et novembre 2019, le trait de côte de Kourou recule. Ce retrait oscille entre -5 m et -10 m sur l’ensemble des plages de Kourou. L’installation des différents ouvrages de défense, berlinoises et big bags ont fixé le trait de côte à leur niveau, mais de part et d’autre de ces ouvrages le trait de côte recule avec un maximum atteint à -7 m à l’extrémité est d’une des berlinoises.

Présentation :

La plage de l’Hôtel des roches est une plage de poche délimitée par deux promontoires rocheux. Longue de 350 m, elle est située à proximité de l’embouchure du fleuve Kourou. Son arrière-plage est fortement urbanisée avec la présence d’un hôtel sur sa partie est et d’un bar sur sa partie ouest. En 2011, un enrochement a été mis en place en face de l’hôtel. Plus récemment suite aux différentes tempêtes de 2016 et 2017, des gravats ont été positionnés pour fixer la position du trait de côte à l’ouest de la plage en face du bar. Au large de la plage de l’Hôtel des roches, plusieurs embarcations (navettes entre les îles du Salut et Kourou, portes-containers…) circulent au sein d’un chenal, dragué régulièrement par le grand port maritime. Deux profils permettent de suivre l’évolution de ce secteur.

Évolution en 2019 :

Au niveau de l’anse de l’Hôtel des roches, entre 2018 et 2019, un engraissement de +40 cm est observé sur le proche côtier de la plage. A contrario sur la partie émergée du site la tendance est à l’érosion avec par exemple -1,6 m d’érosion au niveau du talus d’érosion de K1 (profil K1 de l’Illustration). À l’ouest de l’anse de l’hôtel, suite aux coups de mer de 2017, le trait de côte a été stabilisé par le dépôt de gravats sur le haut de plage. Le haut de plage du profil K2 est donc resté stable entre novembre 2018 et novembre 2019. Au pieds des enrochements, l’estran enregistre une légère accrétion (+60 cm) (profil K2 de l’Illustration).

Les résultats du différentiel entre le MNT de février 2018 et juin 2019 au niveau de l’Hôtel des Roches montrent une érosion sur la partie est de la plage et une accrétion sur la partie ouest. La dérive littorale du secteur dirigée d’est en ouest explique ce déplacement sédimentaire.

Il est à noter que le bilan global du volume de sable entre février 2018 et juin 2019 est de l’ordre de – 516 m3 pour une marge d’erreur sur cette zone de 30 m3. Les mouvements sédimentaires sont donc à la fois parallèles à la côte (long-shore) mais également perpendiculaire (cross-shore), ce qui expliquerait un départ de sable du système vers le large.

Plage de la Cocoteraie

Le secteur de la Cocoteraie qui comporte la plage Pim-Poum de la pointe Castor à la pointe Pollux, longue d’environ 200 m, et la plage de la Cocoteraie qui s’étend de la pointe Pollux à l’est jusqu’à la fin de l’avenue de l’Anse à l’ouest. L’arrière-plage est très urbanisée avec la concentration des enjeux majoritairement au niveau de la Cité des 205 et de l’avenue de l’Anse (Illustration 56). Ce secteur est sujet aux phénomènes d’érosion et a fait l’objet de plusieurs expertises du BRGM réalisées dans le cadre de l’ODyC. La plus récente concerne les impacts érosifs apparus début 2018 (Longueville, 2018). Elle met en évidence un recul généralisé sur l’ensemble de la plage d’environ -2 m.

Évolution en 2019 :

Sur la plage de la Cocoteraie, le proche côtier du profil K3 reste stable entre octobre 2018 et novembre 2019. Néanmoins le haut de plage enregistre un recul de -5 m et abaissement d’environ -50 cm entre octobre 2018 et avril 2019. Ce recul de manière similaire à la plage de Sablance est expliqué par les coups de mer de mars 2019 qui ont touché l’ensemble du littoral guyanais. Toutefois sur ce secteur la plage n’a pas connu de retour de la position du trait de côte avant les coups de mer, entre avril 2019 et octobre 2019 comme en témoigne la stabilité du profil. Mise à part l’extrémité ouest de la plage de la Cocoteraie caractérisé par le profil K3, la plage a évolué de manière similaire sur l’ensemble de son linéaire. Les profils K4 à K6 montrent une certaine résilience de la plage suite aux phénomènes d’érosion de mars 2019, avec un retour quasiment à la position d’octobre 2018 des profils topographiques K4 à K6. Le recul global du trait de côte se traduit par un recul des micro falaises d’érosion et non comme un départ massif en sédiment. À noter sur le profil K6, l’accrétion avec une augmentation d’environ +30 cm du profil au niveau de la berme. Le proche côtier sur l’ensemble de la plage a continué de s’envaser avec une diminution de la profondeur variant de 0,20 à 0,40 m.

Plages de la Cocoteraie et du CSG :

En fonctions des observations, le linéaire des plages de la Cocoteraie et du CSG peut être partagé en plusieurs tronçons. L’ensemble des évolutions détaillées ci-après se situent entre février 2018 et juin 2019 :
– secteur 1 : s’étendant de la pointe Castor à l’exutoire des eaux pluviales (encart C de l’Illustration ci-après), présente une évolution similaire à celle de l’hôtel des roches avec une érosion sur la partie est et une accrétion sur la partie ouest. Ce secteur est en érosion d’environ 2 000 m3  ;
– secteur 2 : s’étendant de l’exutoire au promontoire rocheux à proximité du profil K4 : les deux affleurements rocheux situés à la limite intertidale, se comportent comme des brise- lames avec l’apparition d’un tombolo à l’arrière et des marques d’accrétion sur le haut de plage dans le prolongement des roches (extrémité sud-est de l’encart B de l’Illustration ci-dessous) ;
– secteur 3 : situé entre les roches affleurantes et la limite de la zone urbanisée. Cette zone est en érosion avec un départ de plus de -3 500 m3 de sédiments (bloc 2 du Tableau 3). L’érosion est concentrée au niveau de l’estran, étant donné que le haut de plage est entretenu par des apports massif en sable. Plus l’on s’éloigne vers l’ouest plus le haut de plage est en accrétion (encart B de l’Illustration ci-dessous). Cette observation s’explique par l’apport en sable lors des confortements du merlon et de l’action de la dérive littorale ;
– secteur 4 : de la limite de la zone urbanisée jusqu’à l’extrémité ouest. Ce secteur est en accrétion d’environ +5 700 m3. Néanmoins, une érosion généralisée de l’estran est observée (encart A de l’Illustration ci-dessous) avec une accrétion au niveau de la berme comme en témoigne le profil K6. Il est à noter l’impact des prélèvements en sable pour l’entretien du merlon. Initialement le sable devait être prélever sur le haut de plage et sur 30 cm d’épaisseur. Mais les observations sur le terrain et les MNT indiquent des prélèvements effectués principalement sur 50 cm d’épaisseur (encart A de l’Illustration ci-dessous).

 

03.

Les plages Awala-Yalimapo

La plage des Hattes est située sur la commune d’Awala-Yalimapo, village amérindien regroupant la communauté des Kali’na. Ce lieu concentre de forts enjeux environnementaux, patrimoniaux et touristiques. La plage est un site de nidification majeur pour deux espèces de tortues marines sur les sept recensées à travers le monde : la Tortue luth et la Tortue verte. Afin de préserver sa faune et sa flore, la Réserve de l’Amana, a été créée à l’est, sur une partie du territoire de la commune.
La plage des Hattes est orientée est-ouest. Longue d’environ 2 km, elle s’étend de la pointe Vigie à l’ouest, jusqu’à l’auberge de jeunesse « Village de Simili » à l’est. Elle est une des rares plages estuariennes de Guyane localisée au niveau de l’embouchure du Maroni. Ce fleuve, situé à l’extrémité ouest de la Guyane, matérialise la frontière avec le Suriname.
Depuis 2017, un banc de vase est installé sur l’extrémité est de la plage protégeant des phénomènes d’érosion la plage située en arrière. D’après les analyses des données cartographiques anciennes, il semblerait qu’aucun banc de vase n’ait colonisé l’ensemble de la plage par le passé. Le fleuve par son débit joue le rôle de « chasse hydraulique », remettant l’ensemble des sédiments en suspension et les transportant vers le large. De plus, à l’autre extrémité de la plage proche de la pointe Vigie, un banc de sable intertidal partant de la plage vers le large fluctue sous l’action du flot et du jusant. L’évolution géomorphologique dépend donc de plusieurs facteurs : le fleuve Maroni, les houles, la marée et la présence du banc de vase (Illustration).

Illustration  : Positionnement des différents profils suivis dans le cadre de l’ODYC, l’image satellite de l’encart est une image Sentinel 2 datée du 27 octobre 2018 prise à marée basse.

Plage des Hattes

a) Évolution annuelle du trait de côte

À partir des observations du trait de côte, la plage des Hattes peut être séparée en trois secteurs (illustration ci-dessous) :
– le secteur « est », situé entre le village de Simili et la frontière du banc de vase, elle-même localisée à environ 200 m à l’est du centre d’Awala depuis 2017 ;
– le secteur « centre », situé en face des carbets communaux, entre la limite du banc de vase intertidal et le banc de sable intertidal, ;
– le secteur « ouest » situé au niveau de la pointe Vigie dans l’estuaire du Maroni.
Hormis sur le secteur « est », le trait de côte de la plage des Hattes recule. En effet, le secteur « est », présente une avancée de la position de son trait de côte (+30 m entre octobre 2018 et novembre 2019 encart 1 ), qui se traduit par le développement de la végétation ainsi qu’une avancée de la berme.
Sur la même période, les secteurs « centre » et « ouest » enregistrent un recul de la position du trait de côte : respectivement -20 m face aux carbets communaux (encart 2) et -10 m au niveau de la pointe Vigie (encart 2).

 

Illustration : Évolution annuelle de la position du trait de côte sur la plage des Hattes sur la commune d’Awala-Yalimapo, entre octobre 2018 et novembre 2019.

 

b) Déplacements sédimentaires saisonniers et annuels

Le profil A3, situé à l’ouest de la plage des Hattes, recoupe le banc de sable intertidal et fluctue entre accrétion et érosion en fonction du flot, du jusant et du débit du Maroni. La partie aérienne du secteur a enregistré une accrétion entre octobre 2018 et avril 2019, puis une érosion entre avril et novembre 2019. Le profil topographique est donc resté stable sur l’année.

En revanche, le profil A2, situé au centre du secteur d’étude, enregistre une évolution inverse à celui de A3. Entre octobre 2018 et avril 2019, l’estran du profil connait un abaissement d’environ -90 cm (érosion). Entre avril et novembre 2019 le profil reprend sa position d’octobre 2018 (accrétion). Le proche côtier du secteur s’engraisse, entre octobre 2018 et novembre 2019, traduisant un envasement/ensablement sur l’ensemble du profil avec des valeurs allant de +60 cm au large à +20 cm dans la partie proximale .

L’évolution de la partie est du site au niveau du profil A1 est caractérisée par une progression importante de la mangrove. Ce développement massif de végétation a restreint la zone d’acquisition topographique et bathymétrique sur l’année 2019 et donc les observations. En 2019, la partie la plus au large du profil bathymétrique demeure stable montrant ainsi la fixation du banc de vase.

c) Les phénomènes de submersion marine en 2019.

La plage des Hattes a connu plusieurs phénomènes d’érosion et de submersion marines au cours de l’année 2019. Les plus importants ont contraint la mairie a déclenché une expertise dans le cadre de la tranche conditionnelle de l’observatoire. C’est le cas pour les coups de mer de fin février/début mars 2019 (Longueville et al., 2019a) et ceux d’octobre 2019 (Longueville et al., 2019b). Ces deux épisodes résultent de houles cycloniques d’une hauteur significative au large d’environ 2,5 m, de direction nord, avec une forte période, (15 s en octobre et 13 s en mars). Leur arrivée sur la côte a entraîné des phénomènes de submersion par paquets de mer, jusqu’à 80 m dans les terres (notamment ceux d’octobre 2019) inondant la route et engendrant des dégâts sur le système électrique communal . D’un point de vue morphologique suite au coup de mer d’octobre, le trait de côte a reculé d’environ 20 m sur le secteur central.

Illustration : Limite de la laisse de mer suite à la submersion du 28 octobre 2019.

d) Bilan volumique de la plage 2018-2019

Suite à de nouveaux phénomènes de submersion marine en novembre 2019, un levé drone photogrammétrique a été réalisé sur la plage d’Awala-Yalimapo. Grâce aux orthophotographies produites il a été possible de cartographier de façon continue les différentes laisses de mer. La comparaison des données topographiques restituées avec celles du levé photogrammétrique d’octobre 2018 réalisé dans le cadre de la thèse de M. Jolivet (Jolivet en prep), a permis de calculer un bilan volumique du haut de l’estran sur l’année 2018.
L’analyse du différentiel altimétrique des deux MNT permet de quantifier une inversion de la dérive littorale. Ainsi, le secteur « est » est en accrétion (+1,5 m) et la partie centrale de la plage, non protégée par le banc de vase, est au contraire en érosion (-1,3 m) sur la partie haute de l’estran. Sur la partie ouest du secteur, le déplacement spatial de 80 m vers l’ouest de la base du banc sableux intertidal est responsable d’une accrétion au droit de ce dernier et d’une érosion au droit de sa position antérieure.

D’un point de vue volumétrique, le bilan à l’échelle de la plage montre une érosion généralisée d’environ 4 200 m3 (+/- 161 m3) entre octobre 2018 et novembre 2019. Cette perte de sédiment se concentre essentiellement au droit du bourg. Les deux extrémités de la plage sont en accrétion : l’une alimentée par l’apport en sédiment du fleuve Maroni à l’ouest et l’autre alimentée par l’inversion de la dérive littorale à l’est au front du banc de vase.

 

04.

Les plages de Macouria

La plage de Sablance sur la commune de Macouria est située sur la rive gauche de l’embouchure de la Rivière de Cayenne. Elle se situe actuellement en front du banc de vase de Cayenne. Longue de 3 km, elle est délimitée à l’ouest par une mangrove résiduelle, qui subit les assauts de la houle et à l’est par le fleuve de la Rivière de Cayenne.
Quatre profils topo-bathymétriques (S1, S2, S3 et S4) espacés d’environ 1 km, couvrent de manière homogène le linéaire de la plage. Ces profils fournissent des indicateurs de l’évolution morphologique à l’échelle du site (Illustration ci dessous).

Illustration : Emprise des profils suivis dans le cadre de l’ODyC sur la commune de Macouria

Plage de Macouria

Information à venir en 2019.

Le rapport 2019 détaillé est disponible ICI

Toutes les expertises et rapports sont à la rubrique “Études-travaux” sous partie “Rapports-techniques”.