Les plages de l’Île de Cayenne

01.

Les plages de l’île de Cayenne

La presqu’île de Cayenne est un promontoire rocheux séparé par deux fleuves drainant d’importants bassins versant : le Mahury à l’est et la rivière de Cayenne à l’ouest. La spécificité de la presqu’île est la présence de monts latéralisés, en contact direct avec les sédiments quaternaires, qui explique la diversité du littoral. Les côtes rocheuses sont entrecoupées par des plages de poches qui peuvent atteindre plusieurs kilomètres de long.

Les plages de l’île de Cayenne suivies dans le cadre de l’Observatoire de la Dynamique Côtière correspondent à trois anses :

  • l’anse de Montabo ;

Longue d’1,5 kilomètre, c’est une plage de poche délimitée par le mont Bourda et le mont Montabo.

  • l’anse de Montjoly ;

Longue de 3,6 kilomètres, elle est la plus grande de l’ensemble des plages de l’île de Cayenne. Elle se situe entre le mont Bourda et le mont Ravel. Cette plage est fortement urbanisée au sud-est et l’est moins au nord-ouest. En décembre 2017, des ouvrages de protections de type Stabiplages® (boudins géotextiles) ont été installés sur cette plage. Un suivi particulier de ces ouvrages est prévu.

  • l’anse de Rémire ;

Longue d’environ 3 kilomètres, c’est l’anse la plus urbanisée de Cayenne avec des ouvrages de protection de type enrochement et la présence de la « Route des Plages ». Cette plage se situe entre la montagne du Mahury et le mont Ravel.

Les petites anses de Cayenne situées plus à l’ouest, ont fait l’objet d’acquisitions de photographies aériennes par drone et l’élaboration de modèles numériques de terrain (MNT) en septembre 2017.

Les prélèvements effectués à la benne en parallèle des acquisitions sonar et bathymétrique ont révélé la présence de la vase sur l’ensemble des trois anses de la presqu’île de Cayenne.

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Image aérienne du littoral de l’île de Cayenne en 1950, © IGN

I. Évolution du trait de côte

Anse de Montabo

Dans le cadre de l’Observatoire, trois profils sont répartis sur l’ensemble de l’anse (C1, C2, C3).

Un phénomène similaire de recul et d’avancée du trait de côte est observé respectivement sur la partie sud-est et nord-ouest. En comparaison à d’autres anses, cette évolution a lieu dans de faibles proportions.

Le secteur le plus au sud-est a enregistré un recul de – 3 m, alors que la partie au nord-ouest enregistre une avancée maximale de + 5 m. Sur le reste du secteur, le trait de côte a relativement peu varié.

Anse de Montjoly

Dans le cadre de l’Observatoire, six profils sont répartis le long de l’anse (C4 à C9). Depuis 2017, un nouveau profil topo-bathymétrique vient compléter les levés, afin de suivre l’impact des Stabiplages® sur le système littoral (Cstab).

L’anse de Montjoly est une des anses dont l’évolution morphologique a été le plus étudiée. Elle peut être sub-divisée en deux grands secteurs :

  • l’extrémité nord-ouest ;

Comprise entre le mont Bourda et le restaurant l’Oasis, c’est un secteur faiblement urbanisé. L’arrière plage appartient au Conservatoire du Littoral et constitue la réserve des Salines.

  • l’extrémité sud-est ;

Comprise entre le mont Ravel et le restaurant l’Oasis, c’est une zone fortement urbanisée. Plusieurs phénomènes d’érosion sont à noter dans ce secteur.

Ces deux secteurs ont connu une fluctuation équivalente à celle observée à l’anse de Rémire, avec des avancées et des reculs localisés de la position du trait de côte. À l’extrémité sud-est, il y a eu entre 2016 et 2017, un recul du trait de côte d’environ – 36 m.

Une avancée de la position du trait de côte est observée principalement à proximité de l’exutoire des Salines (+ 20 m) et à proximité de l’Oasis, au niveau de l’enrochement, qui bloque le transit sédimentaire (+ 15 m).

Évolution de la position du trait de côte sur différents secteurs de la plage de Monabo (Cayenne) entre 2016 et 2017
Évolution de la position du trait de côte sur différents secteurs de la plage de Montjoly (Rémire-Montjoly) entre 2016 et 2017

Anse de Rémire

Quatre profils topo-bathymétriques ont été répartis le long de cette anse (C10 à C13). L’anse présente deux orientations préférentielles de sa côte :

  • d’une part sur la première partie entre le mont Ravel et le restaurant « Auberge des plages », le littoral est orienté nord-sud ;

Ce premier secteur est urbanisé, avec un ensemble d’habitations implantés sur la plage. Le trait de côte de ce secteur est resté stable entre 2016 et 2017.

  • d’autre part, sur la deuxième moitié jusqu’à la plage appelée « plage de Gosselin », il est orienté nord-ouest/sud-est.

Ce littoral a connu une fluctuation de son trait de côte. Il y a un recul sur la partie est (- 16 m) et une avancée sur la partie ouest (+ 20 m).

Un banc de vase est arrivé au droit de la plage en 2015, ce qui a engendré une stabilisation de la position du trait de côte entre 2015 et 2016. Sur l’année 2017, le banc de vase est toujours présent.

Évolution de la position du trait de côte sur différents secteurs de la plage de Rémire (Rémire-Montjoly) entre 2016 et 2017

II. Les profils topo-bathymétriques

Anse de Montabo

L’évolution des profils le long du littoral de Montabo montre une érosion du côté sud-est avec une érosion au niveau de l’estran (- 0,5 m) et la mise en place d’un talus d’érosion.

Les observations terrains tendent à montrer une faible évolution, à l’exception du profil C1 où une forte accrétion de vase s’est produite sur les petits fonds subtidaux (+ 0,6 m).

Profils topo-bathymétriques de 2016 à 2017, plage de Montabo, Cayenne

Anse de Montjoly

Le profil C9, le plus à l’est du secteur, témoigne d’un abaissement (- 1,5 m) entre 2016 et 2017. Corrélé au recul du trait de côte, le secteur traduit une forte tendance à l’érosion. Ce profil n’ayant pas évolué entre octobre 2016 et avril 2017, le départ de sable s’est principalement déroulé au cours de la saison sèche.

Le profil C6, au niveau de l’Oasis, montre une certaine stabilité.

La majorité des autres profils ont connu une accrétion au niveau de leur bas de plage, allant de + 0,5 m pour le profil C8 à + 1 m pour le profil C5.

Un levé drone et un levé topo-bathymétrique ont respectivement eu lieu en septembre et novembre 2017, afin de suivre l’aménagement des Stabiplages®. L’intérêt de ces mesures est de faire un état des lieux pour comparer les différents impacts, sur le système littoral.

Profils topo-bathymétriques de 2016 à 2017, plage de Montjoly, Rémire-Montjoly
Profils topo-bathymétriques de 2016 à 2017, plage de Montjoly, Rémire-Montjoly

Anse de Rémire

Au nord de la plage, la partie la plus urbanisée de l’anse, le suivi topographique se focalise essentiellement sur l’estran. Entre octobre 2016 et novembre 2017, on constate une érosion d’environ – 0,2 m du profil intertidal et une accrétion au niveau de la plage subtidale en relation avec un dépôt de vase de + 0,3 m.

La zone a proximité nord de l’auberge des plages, a connu une accrétion au niveau intertidale. Les observations terrain montrent une accumulation de sables venant recouvrir l’estran du profil C11 en un an. Ce profil a la particularité d’être situé à proximité de l’exutoire d’eaux pluviales. En raison des fortes intempéries du début d’année 2017, une partie du sable présent au niveau de la plage est donc très certainement issu des terres drainées par ce biais. Cette observation est appuyée par l’évolution topographique du profil : entre octobre 2016 et avril 2017, en saison des pluies, la partie intertidale du profil C11 est en accrétion (+ 0,5 m), pour revenir en novembre 2017 à une situation similaire à celle de 2016.

La plage de l’ASPAG enregistre également une accrétion très importante (+ 1 m) du bas d’estran entre 2016 et 2017. Le talus d’érosion observable sur le haut de plage courant 2016 à proximité du club nautique, s’est complétement résorbé en 2017. Les prélèvements à la benne et les observations terrain montrent une importante quantité de vase en novembre 2017 dans ce secteur.

La plage de Gosselin suit une évolution identique aux années précédentes. En parallèle d’une accumulation marquée au niveau de la berme et de l’estran, l’exutoire du Rorota continue d’avancer et de mobiliser du sable du haut de plage, engendrant une érosion.

Profils topo-bathymétriques de 2016 à 2017, plage de Rémire, Rémire-Montjoly
Profils topo-bathymétriques de 2016 à 2017, plage de Rémire, Rémire-Montjoly

III. Le sonar à balayage latéral

En 2016, des levés au sonar à balayage latéral ont été réalisés sur l’ensemble des plages de la presqu’île de Cayenne. Les levés se sont faits parallèlement aux levés bathymétriques et donc perpendiculairement aux isobathes. En 2017, la zone suivie est la même, afin d’observer les éventuelles évolutions de la répartition superficielle des sédiments.

Les résultats de 2017 corroborent ceux de 2016, en mettant en avant l’homogénéité des fonds dus à la présence du banc de vase sur l’ensemble du secteur. De plus, aucune évolution majeure n’est observée sur les fonds rocheux. Toutefois, il est à noter des différences locales comme la disparition de figure géométrique sur des profils dues à une variation hydro-dynamique entrainant une atténuation des rides, soit un dépôt de vase supplémentaire sur le stock sableux.

Pour la première fois en 2017, les sonogrammes ont pu être calibrés grâce à des prélèvements des sédiments superficiels à la benne. Les prélèvements confirment nettement la présence de vase grise argileuse sur l’ensemble du secteur (zones de faible réflectivité acoustique). Proche de la côte, les prélèvements traduisent la présence de vase plus sableuse, permettant de corréler l’augmentation de la réflectivité avec la teneur en sable présent dans la vase et la distinction de figures sédimentaires.

L’imagerie extraite du profil C1, présentée en illustration, ne montre aucun changement majeur entre 2016 et 2017. La zone de roche reste immobile, mais ses contours ne semblent pas non plus avoir été modifiés par la mobilité des sédiments alentour. La zone sombre potentiellement sableuse ne semble pas avoir connu de changement non plus. L’absence de figure sédimentaire sur le reste de l’extrait, ne permet pas de confirmer ou infirmer l’existence d’une mobilité sédimentaire.

Extraits des profils C1, 2016, 2017 et interprétation

Sur les plages de l’île de Cayenne, un banc de vase est présent et les transits sableux ont eu lieu préférentiellement au cours de la saison sèche, sous l’effet de la dérive littorale. Ce schéma de retour à l’équilibre, avec un déplacement de sables d’est en ouest, a déjà été observé et décrit dans les cycles de rotations de plages.

Pour chaque anse, les observations se résument ainsi :

  • l’anse de Montabo ;

La plage est restée relativement stable.

  • l’anse de Montjoly ;

Le secteur nord-ouest de la plage est en accrétion et le secteur sud-est en érosion. En décembre 2017, des Stabiplages® ont été installés sur cette plage.

  • l’anse de Rémire ;

La position du trait de côte varie entre avancées et reculs, de manière localisée. Le profil situé sur la plage de Gosselin continue d’évoluer avec une érosion du haut de plage en relation avec l’embouchure de la rivière du Rorota.