Les plages de Kourou

02.

Les plages de Kourou : Roches et Cocoteraie

Au regard des évolutions passées et du fait de la géologie du secteur (présence de promontoires rocheux), les évolutions depuis 1950 sont plutôt faibles comparées à d’autres secteurs de la Guyane. Mais localement des évolutions majeures sont tout de même enregistrées depuis 2014.

Les plages suivis par l’Observatoire de la Dynamique Côtière se décompose en trois secteurs à Kourou :

  • la zone dite Des Roches, entre la pointe Pollux et la Tour Dreyfus ;

La plage s’étend sur environ 350 mètres et est suivi par deux profils (K1 et K2). Cette “plage de poche” se trouve à proximité de l’embouchure du fleuve Kourou. Son arrière plage est fortement urbanisé (hôtel). Suite à une érosion accrue face à l’hôtel des Roches, des enrochements avaient été positionnés dans les années 2010, ainsi que des Stabilplages perpendiculairement et parallèlement au trait de côte.

  • la plage de la Cocoteraie ;

Elle est constituée d’un long linéaire sableux qui s’étend sur environ 4 km et est fortement urbanisés à proximité – très proche – du littoral. Trois profils (K3 à K5) permettent d’évaluer les modifications de cette côte sur une distance comprise entre la pointe Pollux et la fin de l’avenue de l’Anse. Le secteur est sujet aux phénomènes d’érosion, engendrant parfois des épisodes de submersion marine. Pour se protéger, deux ouvrages ont été installés : le cordon sableux artificiel stabilisé par Big-Bag (n’a pas vocation à être pérenne) et des berlinoises en bois installées au droit des carbets de la Simko (quartier des 205).

  • la plage du Centre Spatial Guyanais (CSG) ;

Au delà de l’avenue de l’Anse et jusqu’à la pointe Charlotte, la plage du CSG est maintenue à l’état naturel. Le profil K6 suit l’évolution dans ce secteur.

Actuellement un banc de vase est présent sur l’ensemble des fonds subtidaux proches de Kourou. Le littoral de cette commune est vulnérable aux phénomènes d’érosion et de submersion marine, suite à un épisode d’inter-banc vigoureux. En 2016 et 2017, de forts épisodes d’érosion et de submersions marines, en début et fin d’année, ont donné suite à des expertises propres au littoral de Kourou.

Kourou_1950

Image satellite du littoral de Kourou en 1950, © IGN

I. Évolution du trait de côte

La plage des Roches

Deux levés de la position du trait de côte ont eu lieu en 2017 (février et novembre). Ainsi, on remarque une saisonnalité de l’évolution du trait de côte : il était en accrétion entre octobre 2016 et février 2017 (+ 8 m) sur la partie est, alors qu’il a reculé sur l’ensemble du secteur jusqu’en novembre 2017 (- 5 m). Au final en un an, le trait de côte a avancé de + 3 m.

La plage de la Cocoteraie

Entre octobre 2016 et novembre 2017, aux deux extrémités du secteur, face à la pointe Pollux et au niveau de la plage du Centre Spatial Guyanais (CSG), le trait de côte avance sur la mer avec des valeurs maximales de + 25 m. Si la position du trait de côte côté CSG est en avancée constante au cours de l’année 2017, il n’en est pas de même au niveau de la plage de la pointe Pollux. En effet, une importante avancée est observée entre octobre 2016 et février 2017 (+ 13 m) puis une phase de recul jusqu’en novembre 2017 (- 3 m).

Au centre, entre le centre hippique et le village amérindien, le trait de côte est fixé par la présence du cordon sableux artificiel. Suite aux phénomènes de submersion marine de février 2016, un cordon sableux artificiel a été installé pour protéger le trait de côte. Ce cordon artificiel a été stabilisé par la mise en place de Big-Bag remplis de sable. Cette structure représente une solution temporaire face aux phénomènes d’érosion que connait le secteur.

Le secteur face au quartier des 205 a quant à lui, connu un recul constant entre octobre 2016 et novembre 2017, atteignant au maximum – 7 m. Ces forts reculs sont enregistrés en saison des pluies, suite aux trains de houles énergétiques. Les berlinoises installées face aux carbets de la Simko ont également fixé le trait de côte, mais ont favorisé le départ de sable à ces extrémités directes.

Évolution de la position du trait de côte entre 2016 et 2017 à l'hôtel des Roches, Kourou
Évolution de la position du trait de côte sur des secteurs de la plage de la Cocoteraie entre 2016 et 2017, Kourou

II. Les profils topo-bathymétriques

La plage des Roches

Cette plage de poche, de par sa petite taille et sa position sur la rive ouest de l’estuaire du fleuve Kourou, est très sensible au changement des conditions hydrodynamiques.

Entre février et avril 2017, il y a eu un départ massif de sable au niveau du profil K1 (- 0,6 m de profil au niveau de l’estran) ce qui a créé un talus d’érosion. Entre avril et novembre 2017, le talus s’est lissé, engendrant une légère accrétion du profil de plage (+ 0,3 m). Compte tenu de la proximité du fleuve et du sens de la dérive littorale est-ouest, les forts débits de la saison des pluies peuvent favoriser le déplacement du stock sableux dans ce sens, traduisant un impact saisonnier.

La partie ouest de la plage de l’hôtel des Roches a également connu une modification de son haut de plage. Étant donné que cette zone a été fortement impactée par les phénomènes d’érosion en fin d’année 2016, plusieurs travaux de réaménagement et de nettoyage ont été menés sur ce secteur. Il est donc difficile de distinguer la part anthropique du naturelle sur l’accumulation observée en K2. On remarque néanmoins l’accrétion du profil bathymétrique de plus de + 0,6 m. Il semblerait, qu’au vu des prélèvements réalisés, cela s’explique par l’arrivée massive de vases.

Les Stabiplages positionnés parallèlement à la côte ont continué de se détériorer au cours de 2017.

La plage de la Cocoteraie

Le secteur autour de la pointe Pollux est resté stable entre octobre 2016 et novembre 2017, avec néanmoins l’apparition d’un talus d’érosion en avril 2017, le long du profil K3.

Le secteur proche de la cité des 205 a connu une forte érosion de son haut de plage et de son estran, comme en témoigne le profil K4 (- 0,6 m).

Un talus de plus de 2,5 m s’est formé à dix mètres à l’ouest de l’exutoire entre octobre 2016 et février 2017. Ce talus a reculé de l’ordre de – 4 m entre février et octobre 2017, emportant avec lui une rangée de cocotiers et mettant à nu d’anciennes fondations. L’évolution de ce secteur a connu une érosion de l’estran d’environ – 0,6 m, puis s’est stabilisé avec un replat et un petit talus d’érosion face à l’ouvrage (- 0,3 m). La bathymétrie dans ce secteur, diminue avec l’arrivée d’un fond vaseux.

À partir de la plage du CSG, la morphologie de la plage évolue de manière significative avec un important apport en sédiment sur le bas de plage. Sur le profil K6, l’accrétion atteint environ + 1,5 m.

Profils topo-bathymétriques de 2014 à 2017, plage des Roches, Kourou
Profils topo-bathymétriques de 2014 à 2017, plage de la Cocoteraie, Kourou

III. Les modèles numériques de terrain

La plage des Roches

La réalisation de mesures photogrammétrique par levés drone en juin 2016 et mars 2017 ont permis de disposer d’une couverture topographique complète et à haute résolution de la plage pour analyser l’évolution morphologique de l’année 2016-2017. Les données ont été obtenues en comparant les valeurs altimétriques des MNT acquises pour ces deux périodes.

L’érosion côtière se caractérise bien à l’échelle de la plage. Rapporté à l’incertitude de la mesure, le haut de plage et la zone intertidale sont restés stables. L’accrétion représentée en bleu est un artefact de la mesure causé par l’eau et ne rentre pas dans le calcul du volume. Le départ généralisé sur le secteur de la plage des Roches entre 2016 et 2017 s’élève à environ 9 450 m³.

La plage de la Cocoteraie

Les levés drone permettent d’obtenir :

  • des orthophotographies ;

À partir de celles-ci, on remarque que la colonisation par la végétation entre juin 2016 et avril 2017, au niveau de la pointe Pollux, est en extension. Aux sorties des exutoires, il y a des formations de prisme d’accrétion traduisant l’apport très localisé de sables drainées par les pluies sur les secteurs amont.

  • des Modèles Numériques de Terrain (MNT) ;

Les cartes caractérisant la différence altimétrique entre les MNT de 2016 et 2017, montrent un départ massif sur les secteurs face à la cité des 205 et face à l’avenue de l’Anse. Cependant, le bilan sédimentaire du secteur est plutôt dans une tendance globale à l’accrétion. Deux facteurs peuvent expliquer ce constat : la mise en place du cordon sableux artificiel qui a apporté du sable dans le système et/ou, les exutoires d’eaux pluviales qui ont concentré le sable sur le bas de plage de manière très localisée.

Différence d’altitude entre les MNT de juin 2016 et mars 2017 sur la plage des Roches, Kourou
Image drone montrant les installations et la morphologie sur la plage de la Cocoteraie, mars 2017, Kourou

La plage de Kourou présente une singularité avec une érosion préférentielle au centre, de l’avenue de l’Anse à la cité des 205. Les houles incidentes, orientées nord-est, arrivent frontalement et favorisent une perte de sable vers le large. De plus dans ce secteur, l’urbanisation est proche du rivage.

Les profils bathymétriques montrent des fonds relativement plats sur une distance d’un kilomètre.