Un séisme pour étudier l’impact d’une hausse rapide du niveau de la mer

Un séisme pour étudier l’impact d’une hausse rapide du niveau de la mer
Par ODyC dans Actualités Publié 1 février 2019 0 Commentaires

En 2007, des chercheurs Australiens (University of Queensland) ont eu l’opportunité d’étudier les impacts d’une hausse rapide du niveau de la mer sur de petites aires géographiques, dans le lagon Roviana (figure 1) à l’ouest des îles Salomon (S. Albert et al., Winners and losers as mangrove, coral and seagrass ecosystems respond to sea-level rise in Solomon Islands, 2017).

Figure 1 – Localisation du lagon Rovania, Iles Salomon (ODyC, 2019)

Le tremblement de terre de 2007 a entraîné un affaissement local de la croûte terrestre (subsidence) et une hausse du niveau de la mer de 30 à 70 cm. Les mangroves, herbiers marins et récifs coralliens de cette zone se sont précipitamment retrouvés face à l’un des enjeux majeur du changement climatique actuel : une hausse rapide du niveau de la mer.

Les écosystèmes marins et côtiers n’ont pas réagit de la même façon à ce phénomène d’inondation brutal. Les herbiers marins furent les plus dynamiques avec des pertes et des gains de superficie allant de 10 à 100 m , et les récifs corallins ont vu leur population augmenter de 157 % en 7 ans. En revanche, les mangroves ont perdu 35 % de leur superficie (130 ha) au cours de la même période. Les “perdants” et les “gagnants” de cette variation du niveau de la mer ont évolué en fonction du temps et de l’espace.

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Que s’est-il passé dans la mangrove ?

C’est le front de mer de la mangrove qui fut le plus impacté, avec une perte de 80 % de sa superficie entre 2006 et 2009. Puis, des Rhizophora, un genre de palétuvier que l’on retrouve dans les mangroves guyanaises, ont commencé à recoloniser progressivement la zone intertidale où la plus grande partie des palétuviers avaient dépéri. En 2014, soit 7 ans après le séisme, la mangrove avait recolonisé 75 % de son aire de répartition initiale (figure 2). Néanmoins, ce recouvrement rapide s’est fait au détriment de la structure écologique de base de la mangrove.

Figure 2 – Evolution de la mangrove dans le lagon Roviana, Iles Salomon, entre 2006 et 2014 (S. Albert et al., 2017)

En fonction des taux de sédimentation, de l’amplitude des marées, de la salinité et de l’exposition aux vagues, les mangroves ont montré une grande diversité de réponse aux changements du niveau des océans durant les 10 000 dernières années. Cette étude vient appuyer la capacité d’évolution et de résilience de cet écosystème face aux variations du niveau global des océans.

Dans le contexte actuel de changement climatique global, qu’en sera-t-il des mangroves guyanaises dans les années à venir ?

Source : Simon ALBERT et al., Winners and losers as mangrove, coral and seagrass ecosystems respond to sea-level rise in Solomon Islands, Environmental Research Letters, 12 p., 2017